Les îles fluviales sont des éléments paysagers importants pour ceux qui les habitent ou leur font face (Le Lay, Comby, 2012). Aujourd'hui, elles sont au cœur des enjeux de gestion des cours d'eau. En effet, leur évolution morphologique (si elles s'accroissent ou diminuent) et leur diversité biologique (végétale et animale) sont de bons indicateurs de l'état écologique d'un cours d'eau. Les îles fluviales sont ainsi des observatoires de choix pour étudier les changements qui affectent aujourd'hui les cours d'eau.

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Les îles jouent un rôle important dans la régulation naturelle des cours d'eau. Le débit d'eau ainsi que la quantité de sédiments transportés (ce qu'on apelle dynamique hydro-sédimentaire) jouent sur la forme du cours d'eau. Lorsque le débit d'eau est important, l'érosion s'accroit et les îles peuvent se réduire ou n'exister qu'à l'état de bancs de sables. A l'inverse, un cours d'eau plus lent favorise des processus d'accumulation, de sédimentation, qui peuvent aboutir à la formation d'ilôts puis d'îles. Ces dernières sont alors progressivement colonisées par la végétation et contribuent à la végétalisation du cours d'eau. Sur la Loire, des études ont par exemple montré que, depuis le XIXe siècle, le ralentissement progressif du débit d'eau du fleuve s'est accompagné d'une multiplication des îles fluviales et d'une végétalisation prononcée du lit du fleuve (Grivel, Gautier, 2012)

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Cette végétalisation, lorsqu'elle est spontanée (sans action humaine), se compose d'espèces spécifiques et adaptées à une présence en eau permanente qui peut également inonder temporairement les terres les plus basses. Cette formation végétale est appelée ripisylve (du latin ripa, "la rive" et silva, "la forêt"). La ripisylve n'est pas composée que d'arbres et comprend aussi des buissons et des herbes à mesure que l'on se rapproche de l'eau. Cette ripisylve est essentielle à maints égards: elle contribue à maintenir les berges grâce à son système racinaire, et limite ainsi que les dégâts causés par les inondations. Elle purifie l'eau notamment sur les petites rivières et abrite de nombreuses espèces endémiques des cours d'eau. Pourtant, la végétation que l'on voit le long des cours d'eau n'est plus nécessairement une ripisylve. En effet, l'action humaine a bien souvent abattu ces forêts au profit de l'agriculture. Sur les îles, on retrouve également des activités de sylviculture (la culture des arbres) dont la plupart sont aujourd'hui à l'abandon. Aussi certaines îles peuvent-elles être très boisées mais écologiquement pauvres car recouverte par une seule espèce majoritaire. 

 

Sur la Saône, l'évolution morphologique et écologique des îles depuis le XIXe siècle est essentiellement dûe aux aménagements humains. Des digues ont été construites, des méandres ont été recoupés, et des écluses ont été réalisées afin de maintenir un niveau d'eau constant toute l'année. Ces aménagements, additionnés au régime hydrologique naturel plutôt lent de la Saône, ont favorisé le maintien voire la naissance de nouvelles îles. Dans le même temps, de nombreuses îles auparavant exploitées pour l'élevage ou la sylviculture ont été abandonnées, laissant la place à une reconquête végétale à partir des espèces présentes sur l'île. 

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La thèse soutenue par le géographe Laurent Astrade en 1998 sur la Saône est le travail de référence de cette étude. Il a mis en lumière le fonctionnement hydro-sédimentaire  complexe de la Saône, marqué par de longues périodes de crues et des aménagements humains nombreux. De plus, ses études sur quelques îles de la Saône aval fournissent un état de référence intéressant pour l'étude des ripisylves en permettant une comparaison vingt-cinq ans plus tard de leur répartition et de leur diversité. 

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Le but de cette étude est alors double:

     - déterminer les dynamiques morphologiques actuelles des îles de la Saône (multiplication, rétrécissement, élargissement...)

            - dresser un état des lieux de la ripisylve sur ces îles afin de mieux comprendre leur dynamique et ainsi pouvoir mieux les protéger

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