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Carnet de terrain - Margot

A mon tour de donner de mes nouvelles !


Je suis rentrée en France mi-mars, après avoir quitté la base scientifique Vernadsky avec Niels à bord d’un voilier de tourisme qui nous a ramenés jusqu’à Ushuaia. Je suis arrivée chez moi au début du printemps, autant dire que le contraste était saisissant avec l’immensité glacée de l’Antarctique ! J’ai été particulièrement marquée par la nature verdoyante, les arbres en bourgeons, l’herbe parsemée de fleurs, … Autant de plantes qui ne poussent pas en péninsule antarctique, où la seule végétation qui parvient à se développer se compose de mousses et de lichens.



Revoir ses proches après six mois passés au loin fait un bien fou. J’ai aussi pris le temps de me poser, et de me reposer. Car au-delà de la mission et de son rythme soutenu, cela faisait un an et demi que je travaillais d’arrache pied à la préparation du projet avec toute l’équipe ! On a ainsi accumulé une grande fatigue sans forcément en prendre conscience, et il ne suffit pas d’une semaine pour récupérer. Rentrer c’est également revenir à un cadre de vie “normal”. Il faut accepter de reprendre une routine, de passer de longues heures à la bibliothèque pour travailler. Pas facile de rester assise sur une chaise toute la journée après des mois à crapahuter au grand air, mais c’est aussi le moment de mettre enfin en valeur toutes les données collectées.


Mon départ de la base ukrainienne avec Niels a été très chargé émotionnellement. Nous avions tissé des liens forts avec l’équipe scientifique sur place, et les quitter sans savoir ce qu’il allait advenir d’eux, en ne sachant pas si on les reverrait un jour, a été vraiment difficile. Depuis les nouvelles que nous avons eues d’eux sont encourageantes. L’équipe hivernante qui devait venir les remplacer a finalement pu quitter l’Ukraine et embarquer à bord du brise-glace Noosphère, qui est arrivé sur la base Vernadsky fin mars. L’ensemble de l’équipement nécessaire à un nouvel hivernage a été débarqué (nourriture, matériel scientifique) et les membres de la 26ème expédition ukrainienne ont quitté la station quelques jours plus tard. Ils sont désormais rentrés en Europe. La plupart des Ukrainiens sont arrivés en Pologne, où les attendaient leurs proches réfugiés. Certains vont possiblement rentrer en Ukraine pour s’engager dans l’armée, d’autres vont rester en Pologne pour travailler en collaboration avec des laboratoires d’Europe de l’est.



Ce qui m’a particulièrement marquée sur la base, c’est justement la résilience dont ont fait preuve les scientifiques tout au long de leur hivernage pour mener à bien leurs projets de recherche, et bien sûr encore plus lorsque la guerre a éclaté. On a souvent en tête une vision aventureuse de l’Antarctique, mais la réalité d’un hivernage est extrêmement routinière. Les membres de la base sortent peu étant donné les conditions climatiques, ils ont énormément de données à collecter et doivent effectuer des manipulations souvent répétitives. Si l’on ajoute à cela l’isolement prolongé et la nuit permanente une partie de l’année, les journées peuvent paraître assez monotones. Mais c’est justement de ce cadre étroitement contrôlé que dépend la qualité des données qui seront ensuite analysées par d’autres chercheurs en Ukraine. Et lorsque le conflit a éclaté, l’équipe sur la base a mis un point d’honneur à poursuivre ses activités scientifiques malgré les bouleversements qui affectaient chacun. C’était pour ses membres une manière de rendre hommage à l’effort de la population ukrainienne tout entière.


Pour moi commencent désormais de longs mois d’analyse des données que j’ai accumulées tout au long de la mission : les notes de mes carnets de terrain, les entretiens, les archives et documents de la base, … Je relis un à un mes carnets et je sélectionne à la fois les événements emblématiques ainsi que les observations régulières d’un même phénomène. Je retranscrits également les entretiens que j’ai menés sur la base et que j’avais enregistrés avec un dictaphone. Travailler sur une retranscription écrite et intégrale des propos permet à la fois plus de précision et de prendre du recul par rapport à ce qui a été dit. Je complète ce travail d’analyse par la lecture d’articles et d’ouvrages relatifs à mon sujet de recherche, on appelle cela une bibliographie. Je fais enfin des points réguliers avec mes encadrants, Morgan Jouvenet (Université Paris-Saclay) et Cédric Moreau de Bellaing (ENS). Contrairement à Clément ou Baptiste, je ne travaille pas dans le laboratoire de mes encadrants mais à la bibliothèque universitaire. Cela me permet d’avoir accès à une grande réserve d’ouvrages pour enrichir mes analyses.


Retrouvez mon plan d'étude sur la page dédiée aux différents protocoles (https://www.j2d.org/ressources-peda). A bientôt pour des nouvelles sur l'avancement de mes travaux de recherche !


Margot

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