top of page

Journal de bord semaine 13 - Du lundi 27 décembre au dimanche 2 janvier

Lundi 27 décembre


Nous quittons le mouillage de Lion’s Rump. Les conditions de vent ne nous permettent pas de franchir le détroit de Bransfield pour continuer notre périple vers le Sud. Nous décidons alors de longer les îles des Sheltland du Sud, en direction du sud-ouest pour raccourcir la prochaine traversée du Bransfield. Nous naviguons toute la journée sous un ciel gris, et légèrement brumeux. Au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers le Sud, le fond de l’air se rafraîchit, et le nombre d’icebergs que nous croisons ne cesse d’augmenter. Nous devons être vigilant pour éviter d’en percuter avec le voilier. Ce soir, nous dinons en mer. Baptiste et Niels prennent le premier quart de minuit à 2h. Ils en profitent pour photographier et filmer les icebergs que nous croisons. A ces latitudes, la nuit ne tombe plus : aux environs de minuit, le soleil disparaît derrière la ligne d’horizon et nous entrons alors dans un clair-obscur très lumineux.

Nous souhaitons atteindre l’archipel autour de l’île de Livingston pour installer un mouillage. En se rapprochant de la côte, les icebergs sont de plus en plus nombreux et imposants. Vers 2h du matin, nous arrivons dans une crique, où nous remarquons la présence d’une station d’été argentine. Une fois le mouillage installé, nous allons nous coucher.


Mardi 28 décembre


Au réveil, le ciel est bleu, et le vent est très calme. Nous décidons de descendre à terre pour que Lana puisse étudier la colonie de manchots à jugulaire qui est sur l’île. Le débarquement se fait facilement sur une plage de gros galets, où une ancienne barque est abandonnée. Nous entendons les craquements des glaciers qui nous entourent, ils paraissent presque vivants…


Clément se joint pour la première fois à l’équipe à terre pour aider à la mise en place du protocole de Lana. Nous passons toute la journée au niveau de la colonie. Les manchots à jugulaire ne sont pas farouches, ils n’hésitent pas à s’approcher de nous, comme s’ils étaient curieux. Lana réalise trois vols avec le drone. Cet appareil utilise la technologie LIDAR : un rayonnement laser scanne le sol. Cela permet de reconstituer la topographie en 3D de l'île. Lana termine son étude vers 16h. Nous profitons du reste de la journée pour prendre quelques photos et vidéos sous une belle lumière de fin de journée.



Mercredi 29 décembre


Nous quittons au matin notre mouillage. Nous naviguons toute la journée vers le sud-ouest. Le temps est très gris. En fin d’après-midi, nous arrivons à proximité de l’Île de la déception. Il s’agit d’une caldeira volcanique, un ancien cratère de volcan inondé par la mer. En longeant l’Île de la déception, nous admirons d’immenses falaises stratifiées. Une fois arrivés à l’entrée de la Caldeira volcanique, la diversité des couleurs des roches est frappante : du rouge, du noir, du brun et du jaune ; ces roches volcaniques sont magnifiques. Nous entrons dans la Caldeira, à moins d’une centaine de mètres de notre mouillage et nous observons l’ancienne station baleinière de l'île. Tous les bâtiments tombent en ruine, et sont grignotés par la rouille. La station est installée sur une immense plage de sable noir. Le décor est lunaire, presque irréel. Mais à peine nous jetons l’ancre qu’il se met à neiger. Puis le brouillard s’installe, nous apercevons à peine la plage à moins de 20 mètres du bateau. Le pont du voilier est recouvert d’une fine pellicule de neige. Pour le dîner, Thierry cuisine un grand plat de lasagnes, avec en dessert son cake au miel et aux noisettes. A la fin du repas, malgré les rafales de vent à 40 nœuds, nous reprenons la mer car le vent est en train de prendre de l’est, ce qui nous arrange pour franchir le passage de Brandfield. A peine sorti de la caldeira, le bateau est secoué par les vagues. Nous installons nos toiles anti-roulis pour essayer de dormir.


Jeudi 30 décembre


Nous naviguons de nuit pour traverser le Brandfield. Vers 3h du matin, le radar indique un obstacle à 3 miles devant nous. Nous apercevons à travers le clair-obscur nocturne les contours d’un gigantesque iceberg qui doit être échoué sur un haut fond.

Vers 7h30, nous apercevons l’immense aileron d’un orque qui se dirige vers nous. A la longueur de l’aileron de cet individu nageant seul, nous supposons qu’il s’agit d’un orque mâle. Nous arrivons en début de matinée dans une crique (Mikkelsen Harbor) au sud de l’Île de la Trinité, où nous jetons l’ancre. La crique est encerclée par les glaciers, de nombreux icebergs dérivent. Vers midi, il fait grand soleil, la température doit atteindre les 5 degrés au soleil. Un navire de croisière a également jeté l’ancre de l’autre côté de la baie.

Dans l’après-midi, nous ressentons des chocs répétés contre la coque du bateau qui le font vibrer dans son ensemble. Nous sortons et apercevons un énorme iceberg qui s’est coincé dans la chaîne du bateau. Le capitaine est obligé d’allumer le moteur et de faire des mouvements de va et vient avec le bateau pour le défaire de la chaîne. Après le dîner, nous apercevons un léopard de mer qui dort sur un iceberg qui dérive vers nous. Une trentaine de minutes plus tard, l’iceberg est à moins de deux mètres du bateau. Le léopard, toujours en train de dormir sur son bout de glace, ne semble pas être dérangé par notre présence. Il lève quelques fois la tête en nous jetant un coup d’œil curieux.


Vendredi 31 décembre


Nous quittons l’Île de la trinité, et entamons notre traversée dans le Gerlache. Nous naviguons toute la journée. Les glaciers sont de plus en plus imposants, et les icebergs de plus en plus fréquents. A partir de 16h, nous longeons la côte pour tenter de trouver un mouillage mais beaucoup de criques et baies sont remplies de glace. Vers 22h, les marins repèrent un lieu pour jeter l’ancre sur la côte ouest de l’Île de Cuverville. Le mouillage est difficile à mettre en place : deux amarres sont installées entre l’arrière du voilier et la côte. Vers minuit vingt, les marins ont terminé. Nous préparons alors le réveillon du nouvel an. Nous célébrons tous ensemble le passage à la nouvelle année autour d’un bon repas au milieu des glaciers et des icebergs.


Samedi 1er janvier


Nous nous réveillons vers 9h pour nous préparer à descendre sur le terrain. Notre objectif : étudier la colonie de manchots papou de Cuverville. De nombreuses chaloupes débarquées d’un bateau de croisière amarré à proximité sillonnent la zone avec leurs passagers. Malheureusement, le temps n’est pas avec nous : il se met à neiger à gros flocons. Dans ces conditions, le drone ne peut pas voler et donc nous ne descendons pas à terre. Tous les six, nous décidons de faire une partie du jeu Antarctock. Nous essayons d’améliorer un peu les règles mais nous avons encore du pain sur la planche. Dans l’après-midi, nous regardons tous ensemble la comédie Astérix et Obélix, mission Cléopâtre, culte !


Dimanche 2 janvier


Au matin, le temps est bon, le ciel est bleu. Nous nous préparons à descendre. Vers 9h30, nous embarquons dans l’annexe pour aller à terre. La mer est extrêmement calme, nous slalomons entre les icebergs pour accéder à la plage et nous sommes seuls dans la zone. Cette colonie a la particularité d’être au milieu d’un manteau neigeux. Seuls les lieux de nidification des manchots se trouvent sur des îlots de roche. Les oiseaux barbotent dans un mélange de terre, de neige fondue et de guano. Les manchots se promènent entre les différents îlots et la mer sur de petits sentiers terreux qu’ils ont créés à force de passer dans la neige. Clément et Baptiste disposent les cibles entre les différents îlots. Pour couvrir toute la colonie, Lana réalise deux plans de vols, qu’elle double à chaque fois en changeant légèrement la trajectoire du vol pour avoir des angles de vue différents lors de la prise d’image, et ainsi avoir plus d’informations sur la topographie. Olivier réalise cinq prélèvements de sédiments au niveau de la plage, tandis que Margot poursuit ses observations sur le terrain en accompagnant nos deux compères. Au large, nous apercevons les icebergs qui dérivent à vue d’œil. Dans ce décor de rêve, Niels en profite pour réaliser de nombreux plans et interviews pour alimenter le documentaire. Nous terminons la journée vers 17h avec les jambes en compote mais un grand sourire gravé sur le visage.


L’équipe en mer vous souhaite une bonne année !


Nous tenions à remercier tout particulièrement tous les élèves qui nous suivent pour leurs magnifiques œuvres qui nous accompagnent tout au long du voyage. Les voilà, elles aussi, arrivées en Antarctique !


 

[Devinette de la semaine]

Quel animal peut bien faire ce bruit ?

Réponse à la devinette de la semaine dernière:

Photo mystère 1: Ce sont des traces de pas de manchots !

Et ce n'est pas tout : tout autour, vous avez sans doute remarqué des parties vertes. Ce sont des mousses, qui sont très abondantes sur l'île, et forment, avec les lichens et quelques herbes, la grande majorité de la végétation. Il n'y a pas de grands arbres ! Y a-t-il un rapport avec les manchots ? Et oui ! Les manchots, en mangeant des poissons dans la mer, prélèvent des nutriments qu'ils rejettent sur terre sous forme de fientes, et ils permettent ainsi un meilleur développement de la végétation et une plus grande biodiversité.


Photo mystère 2: Il s'agissait d'une vertèbre de baleine (avec un manchot au fond)!



692 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page