Lundi 15 novembre
Ce matin, le ciel est assez favorable et nous profitons de belles éclaircies. Olivier aide Thierry à recoudre la misaine. Il faut dire qu’à force de faire du tricot pour s’occuper pendant son temps libre, il commence vraiment à avoir le coup de main !
Cet après-midi en revanche, le temps est moins bon. Nous restons un peu plus dans le carré: c’est l’occasion d’écouter de la musique tous ensemble et de partager nos goûts musicaux. Chacun trouve ensuite ses occupations: journal de bord personnel, travail, ou encore organisation de l’escale à Ushuaïa.
Mardi 16 novembre
Aujourd’hui, la mer est forte. Il faut ajouter une couche de polaire et sortir pour la première fois l’intégralité de nos tenues de quart (Merci Labo & Co pour l’équipement !).
La journée passe un peu lentement, nous sommes beaucoup secoués dans le carré. Nous parlons théâtre et concerts ! Nous essayons d’imaginer notre arrivée à Ushuaïa en lisant et relisant le guide de la Patagonie. Nous aurons un peu de temps pour visiter même si une fois sur place il faudra continuer à travailler : certains ont du matériel scientifique et technique à ajouter à leur laboratoire ou à réparer, l’organisation du bateau doit aussi être repensée pour rendre accessible le matériel qui sera utilisé au quotidien en Antarctique, tel que les drones de Lana. Nous prévoyons aussi des réunions visios avec l’équipe restée en France ainsi que celles avec les élèves qui suivent le projet.
Mercredi 17 novembre
Encore beaucoup de gîte en ce nouveau matin frais. La région que nous traversons est météorologiquement active, nous jouons donc avec les dépressions et anticyclones pour avancer grâce aux vents.
Nous oscillons toujours entre le cockpit et le carré, voire un peu dans les lits quand il fait trop frais. Nous avons dû déplacer des caisses qui étaient amarrées dans les couchettes inoccupées dans les chambres de Baptiste et Clément (les couchettes du haut). C'est alors que nous tombons sur le guide des nœuds marins que Niels a emmené et nous en profitons pour le lire et nous entrainer sur de vrais cordages.
Jeudi 18 novembre
Cette nuit, certains ont sorti les duvets. Nous avons hâte d’allumer le chauffage à bord ! Les journées commencent un peu à se ressembler, même si la mer est un paysage en perpétuel renouvellement. La nuit a aussi ses mystères: pendant tous les quarts de cette semaine, nous avons pu profiter d’une lune incroyable, si bien qu’on ne voyait même plus les étoiles !
Vendredi 19 novembre
Nous dépassons les 50ème Hurlants et arrivons aux Malouines ! C’est le premier trait de côte visible depuis que nous avons quitté les îles Canaries. Même les côtes de l’archipel du Cap Vert n’avaient pas pu être visibles.
Notre arrivée est accueillie par une vie foisonnante. De plus en plus d’oiseaux volent autour du bateau : des albatros, des cormorans …
Au loin, nous apercevons dans l’eau une silhouette noire qui se dirige vers nous, nous avons tout d’abord du mal à identifier l’animal puis nous reconnaissons une otarie à fourrure, puis deux, puis trois et c’est un groupe de quatre otaries à fourrure qui nagent dans le sillage du bateau en sautant presque à la manière de dauphins ! Nous sommes impressionnés par leur agilité ! Bien sûr, les dauphins de Commerson ne manquent pas, eux aussi, de venir à notre rencontre. Après tant de temps passé en pleine mer, nous sommes heureux de retrouver un peu de vie autour du bateau.
Il fait grand beau et nous voyons de plus en plus distinctement la côte et le relief marqué de l'île ouest des Malouines. Nous longeons la côte de l’île, nous nous faufilons entre de nombreux petits îlots. Nous avons de la chance, les conditions sont en notre faveur pour naviguer et traverser. Puis, le temps se couvre et ajoute une pointe de magie au paysage, les montagnes se découpent dans la brume. Nous sommes tous dans le cockpit et nous nous faisons passer tour à tour les jumelles pour essayer de distinguer les rives et leur affleurement rocheux. Du bateau on distingue des reliefs arides, rocheux avec une verdure rase de la mousse et quelques arbustes vert pomme. Nous nous éloignons doucement de ces terres dans la nuit.
Samedi 20 novembre
Au réveil, mauvaise surprise : la trinquette s’est abîmée pendant la nuit. Un des œillets au niveau du point d’amure s’est arraché. Thierry passe 5 heures dans le cockpit pour essayer de renforcer la zone abîmée en y cousant des sangles. C’est une journée très agitée, les vagues sont fortes et nous prenons quelques déferlantes. L’annexe sur le pont est secouée, l’un de ses supports est cassé par la violence des chocs. Il faudra réparer tous les dégâts une fois arrivés à Ushuaïa.
Dimanche 21 novembre
Dans la nuit la trinquette refait des siennes. La réparation de la veille a bien tenu, mais cette fois-ci, c’est la voile entière qui est déchirée en plusieurs morceaux ! Nous ne savons pas si le problème est survenu au niveau d’une couture ou en plein milieu du tissu. Les dégâts semblent difficilement réparables cette fois. Il faudra peut-être recommander une voile pour la suite de l’expédition, car contrairement à la misaine, la trinquette est indispensable à la navigation.
Au réveil, nous sommes surpris par les premières neiges ! Dédé trouve même du verglas sur le pont au petit matin. La température de la mer est tombée à 6.5°C. Nous jonglons entre le carré et le cockpit pour profiter de la mer et de la vue. De la condensation se forme quand nous parlons : ça y est, nous sommes bel et bien arrivés en région australe !
Nous faisons route vers l’Isla de los Estados pour nous abriter de la mer qui ralentit notre progression. Seule la Grande Voile est hissée dans la journée, nous avançons doucement, entre 3 à 5 nœuds, aidés par le moteur. Le foc sera hissé dans la soirée mais devra être enlevé vers 5h du matin car les vents sont trop violents et pourraient l’endommager.
Nous saluons toutes les personnes qui nous suivent et nous encouragent. Nous avons hâte de pouvoir échanger avec vous !
[Devinette de la semaine]
A quoi sert ce mystérieux objet ?
Réponse à la devinette de la semaine passée:
Il fallait bien tendre l'oreille pour entendre le bruit du mat qui vibre à cause du vent!
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