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Journal de bord semaine 5 - Du lundi 1er novembre au dimanche 7 novembre

Dernière mise à jour : 26 nov. 2021

Lundi 1er novembre


Dédé en est à sa troisième daurade coryphène pêchée depuis le début de la mission ! Celle-là est particulièrement volumineuse et va nous tenir plusieurs jours. Un défi pour Thierry en cuisine, qui nous fait découvrir de nombreuses manières de la déguster : marinée crue dans un filet de citron relevé de quelques condiments ; mi-cuite à la poêle avec une délicieuse sauce au beurre citronné ; ou encore en garniture de lasagnes avec les restes des filets. Miam !

Ce jour-là il est décidé de ne pas faire de prélèvements. Non pas parce qu’il s’agit d’un jour férié mais parce qu’il devient nécessaire de rationner les points de prélèvements jusqu’à notre arrivée dans l’océan Austral. Comme une part significative des échantillons et mesures vont être réalisés durant la phase Antarctique, et que certains protocoles sont limités en matériel, il faut calculer soigneusement le nombre de prélèvements qu’il est possible de faire. Clément, Baptiste et Olivier font le point entre eux pour essayer de coordonner leurs mesures et leurs besoins respectifs pour la fin du trajet aller.


Mardi 2 novembre


Nous voilà désormais au large de la ville de Salvador, toujours dans les eaux brésiliennes ! Nous avançons à belle vitesse, portés par un vent qui nous pousse vers le sud à raison de 4° de latitude par jour. La mer est bien formée, elle est parcourue par une houle de nord est qui est dans la direction du vent. Dans cette situation, c’est idéal : le bateau est moins agité que lorsque la houle et le vent s’opposent. Nous surfons sur les vagues en direction de l'Argentine !

Comme nous avons un peu de temps, nous discutons avec Lana de son itinéraire en péninsule. Il faut bien penser celui-ci car les réserves en carburant ne sont pas extensibles sur le bateau. Il nous faudra bien sûr de quoi nous déplacer entre les glaçons et les icebergs qui nous attendent mais aussi de quoi faire fonctionner le groupe électrogène nécessaire au fonctionnement de notre matériel scientifique. En effet, bien qu’ayant prévu panneaux solaires et éoliennes, il nous faut fournir beaucoup d’électricité pour le congélateur, les pompes, les drones de Lana, le matériel de prise de son et de vidéo et nos ordinateurs sur lesquels nous travaillons pendant la journée.


Mercredi 3 novembre


Aujourd’hui, nous avons dû faire de nombreuses manœuvres pour contourner une dépression. Cette perturbation de la météo de grande ampleur peut être bénéfique si on l’aborde correctement car les vents sont puissants en sa périphérie, mais le cœur de la dépression est un espace où le vent souffle peu, que nous voulons donc éviter.

Pour cela, il a fallu faire des manœuvres. Nous avons changé l’orientation des voiles : on parle d’empannage. Pour empanner, il faut savoir jouer avec le vent et la tension des voiles. Des contraintes importantes s’exercent sur le bateau au moment de l’empannage et il faut prendre garde à ne rien abîmer. Mais parfois, c’est inévitable ! Lors du deuxième empannage que nous avons fait, nous avons ainsi décroché malencontreusement la drisse d’une des voiles, la misaine. Thierry a donc dû s’harnacher et grimper en haut du grand mât malgré le vent pour réparer cet incident. Olivier et Baptiste participent aux manœuvres et ont la chance de voir passer une baleine à bosse au cœur d’un empannage !

Les baleines sont la cible de nombreux programmes de suivi mondiaux via des bases de données de sciences participatives. Une de ces bases de données est la base happy whales, à laquelle nous essaierons de contribuer si nous croisons d’autres baleines.


Jeudi 4 novembre


On passe au-dessus d’une chaîne de monts sous-marins pendant la nuit (intitulée Victoria Trindade sur la carte qui trône dans le carré au-dessus de la table). Ces hauts fonds sont notamment une zone de pêche assez prisée car riche en poissons. On croise plusieurs bateaux de pêche durant nos quarts respectifs.

Durant le prélèvement du jour, le robinet de la Go-flo se casse lors de la remontée de la bouteille en tapant contre la coque à cause de la gîte assez importante. Si un problème de ce genre était prévisible, il faut néanmoins trouver une solution car la Go-flo permet de réaliser les prélèvements de Clément et Baptiste. On a une Go-flo de rechange à bord mais l’idée est de la conserver pour l’Antarctique, pour ne pas risquer de l’abîmer elle aussi. Clément échange activement des mails avec la chercheuse qui l'encadre pour imaginer des réparations possibles, et qui ne vont pas venir contaminer la Go-flo avec des métaux. On attend qu’il y ait un peu moins de mer pour tester la bouteille à nouveau.

Pour décompresser et aussi pour passer le temps, on a commencé à explorer le stock de jeux de société présents à bord. Celui qui a notre préférence pour le moment c’est le yam, un jeu où il faut parier sur des combinaisons de lancers de dés. Certains raisonnent en termes de probabilités à chaque tour, quand d’autres parient sur la chance ! Ce jour-là elle est du côté de Baptiste, qui arrive à faire un yam en alignant cinq fois le même chiffre (c’est la combinaison la plus difficile à obtenir). Tout le bateau résonne de la joie de son exploit !

Comme les soirées sont douces, nous aimons passer un moment sur le pont avant le dîner. C’est notamment l’occasion de contempler le coucher du soleil, qui est toujours un grand moment de poésie. Certains tentent de le dessiner, d’autres le prennent en photos, d’autres enfin restent simplement assis à regarder l’horizon.


Vendredi 5 novembre


On a frôlé le drame dans la matinée : Olivier a eu un sérieux problème avec le tricot qu’il a débuté depuis qu’il est à bord. Il passe chaque jour au moins une heure à aligner les mailles avec le ferme objectif de faire une écharpe. Malheureusement une de ses aiguilles s’est détachée et met en péril les rangées de mailles déjà tricotées. Tout le monde se penche sur cet épineux problème et émet des suggestions pour tenter de sauver le précieux tricot. Finalement Olivier arrive à réenfiler l’aiguille après une heure de dur labeur (et quelques rangées détricotées). Ouf, l’incident est clos.

La routine à bord commence aussi à transparaître dans des détails qu’on n’aurait pas soupçonnés il y a encore quelques semaines, par exemple la musique qu’on écoute ! Chacun à bord a ses albums fétiches et on se plaît à découvrir ceux des autres !

Dessert cinq étoiles ce soir : on a eu droit à un brownie maison avec de la crème fouettée maison également ! Les assiettes ont été parfaitement raclées pour traquer la moindre miette de gâteau.


Samedi 6 novembre


C’est notre premier anniversaire de petits marins ! En effet, voilà aujourd’hui un mois que nous sommes partis de Marseille. En un mois, nous sommes arrivés légèrement au sud de Rio de Janeiro, pas loin de São Paulo. Des villes mythiques que nous ne visiterons pas : nous sommes actuellement à plus d’une centaine de miles nautiques des côtes, soit plus de 180 km. Un peu trop loin pour voir le christ rédempteur, le fameux Corcovado.

En revanche, nous visitons actuellement la gyre océanique de l’Atlantique sud. Une gyre, c’est un espace marin de grande surface où l’eau est faiblement renouvelée. Les courants qui la définissent sont circulaires, ce qui limite les apports de nutriments au cœur de la gyre. Les gyres sont des espaces stressants pour les êtres vivants, où les chaînes alimentaires sont affectées par le manque de nutriments et y répondent en ayant un recours particulier à l’énergie solaire.

Pour Olivier, le passage de la gyre est un milieu très intéressant pour ces études : les microplastiques s’y accumulent en surface de façon très marquée. Nous décidons de réaliser deux prélèvements de microplastique dans cette gyre que nous longeons plus que nous la traversons. Pour son deuxième prélèvement, malheureusement pour lui, le filet est englué par des êtres vivants gélatineux que nous ne parvenons toujours pas à identifier.


Dimanche 7 novembre


Nous fêtons notre mois en mer avec le traditionnel apéritif du dimanche pris dans le cockpit : vin blanc, cacahuètes et olives pour tout le monde ! Le vent a complètement faibli dans la nuit et a changé plusieurs fois de direction avant de se stabiliser à nouveau en fin de matinée. Désormais on penche sur l’autre bord ! Ceux qui dorment dans les cabines bâbord (Niels, Olivier et Baptiste) sont ravis, les autres un peu moins car sans la toile anti-roulis ils passeraient par-dessus leur couchette à l’occasion d’une vague un peu forte !

Aujourd’hui, nous avons eu le plaisir d’essayer les appels téléphoniques à l’aide de la station Orange qui a été installée à bord. C’est Olivier qui a ouvert le bal, sous les hourras généraux : n’ayant jamais essayé d’utiliser le téléphone, nous ne savions en effet pas s’il allait fonctionner.

Les jours rallongent progressivement, désormais il fait nuit vers 21h. Cela nous fait bizarre de nous dire qu’en France le soleil est couché depuis plusieurs heures déjà ! La température commence quant à elle à redescendre, pour notre plus grand bonheur la nuit car il est désormais beaucoup plus facile de trouver le sommeil. Le soleil lui est toujours là, on espère qu’il va nous tenir compagnie jusqu’en Argentine !



 

[Devinette de la semaine]


Et voici la photo mystère de la semaine:

A vos propositions !


Réponse devinette de la semaine passée:

Il s'agissait du bruit d’une drisse (un cordage servant à hisser une voile) frappant sur le mât par grand vent!


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