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Journal de bord semaine 8 - Arrivée en Terre de Feu - Du lundi 22 au dimanche 28 novembre

Lundi 22 novembre


Nous voilà à nouveau face à la terre, quelques jours après la vue des îles Malouines, nous sommes face aux immenses montagnes de l’Isla de los Estados (l'île des Etats). Les arbres tordus s’allongent sur le sol et les montagnes sont acérées.

Les conditions de navigation sont particulièrement difficiles. Les vents sont contraires, et les rafales sont puissantes. Le courant s’oppose aussi à notre avancée, et la mer est creusée. Abrités derrière l’Isla de los Estados, nous nous approchons tant que faire se peut du détroit Le Maire qui nous sépare de la pointe orientale de la Terre de Feu. Une trentaine de kilomètres à faire dans des conditions éprouvantes.

Une fois la traversée réalisée, nous avons dû rester à l’abri dans une baie pour passer la péninsule Mitre, à la pointe orientale de la Terre de Feu. Les montagnes enneigées, que nous distinguions péniblement au large de l’île des Etats, sont désormais à proximité de nous.

Dans la nuit, les quarts s’enchaînent dans le cockpit : il nous faut rester extrêmement vigilant. La proximité des côtes et la nature de la mer rendent la navigation plus dangereuse qu’habituellement. Le capitaine allume le radar dans la nuit pour ne pas se faire surprendre par des rochers qui auraient été mal cartographiés. En effet, ici, les cartes ne sont pas extrêmement précises. Toutes ces conditions réunies nous fatiguent un peu.


Mardi 23 novembre



Après une nouvelle nuit à lutter contre les éléments et à enchaîner les manœuvres, un petit miracle se produit au lever du jour : le vent qui jusque-là soufflait au nord-ouest et nous empêchait d’entrer dans le canal Beagle tourne enfin et permet à Dédé de hisser le foc ballon pour nous propulser dans l’entrée du canal. Tout le monde sort sur le pont pour profiter de notre avancée entre l’isla Grande de Tierra del Fuego, qui fait partie de l’Argentine, et l’isla Navarino, qui appartient au Chili.

Le temps fort de la journée est incontestablement l’observation de nos premiers manchots de Magellan ! Ils sont plusieurs dizaines sur une petite plage. Nous les observons à la jumelle car ils ne sont pas très grands (environ 60 cm). Lana est aux anges !

On commence à compter les heures qui nous séparent de l’arrivée à Ushuaia ! Dans la soirée nous passons au large de Puerto Williams côté Chili, officiellement considérée comme la ville la plus au sud du monde. Un petit avant-goût du retour à la civilisation qui se profile....

Nous passons notre dernière nuit en mer. Elle sera de courte durée car l'arrivée dans la baie d'Ushuaia est prévue à l'aube.


Mercredi 24 novembre



Le jour se lève tout juste lorsque les premières lumières de la ville d'Ushuaia apparaissent. Il est 5h du matin en Argentine, mais déjà 9h en France avec le décalage horaire. Malgré les 2 ou 3 heures de sommeil seulement, tout le monde s'amasse dans le cockpit pour vivre ce moment tant attendu ! Nous voyons progressivement les bâtiments se préciser, les voitures circuler ainsi que les bateaux colorés amarrés au port. Plusieurs paquebots stationnent dans la baie pour embarquer des touristes pour des croisières en péninsule antarctique.

Nous nous amarrons au Yacht club local, le long d'un modeste ponton en bois à l'écart de ces mastodontes des mers. Les premiers pas sur le ponton sont symboliques, car nous sommes pour l'instant confinés à bord en attendant de faire un test de dépistage de la Covid-19. Chacun prend un moment pour appeler ses proches pour la première fois depuis bien longtemps. Des sourires fatigués se dessinent sur les visages de toute l'équipe, heureuse et fière d'être arrivée à bon port après 50 jours de mer.



On profite d'être amarrés pour brancher l'eau et l'électricité depuis le quai, ce qui nous permet de prendre notre première douche (chaude qui plus est) depuis une semaine. Ça fait un bien fou !

L'après-midi est consacré à un grand ménage du bateau, nécessaire après tout ce temps passé en mer. De nombreux espaces peuvent être nettoyés uniquement à quai, par exemple les cales et les planchers qui sont brossés sur le pont, ou encore la grille de la cuisinière. Ces heures de nettoyage sont récompensées par un apéritif avec l'équipage sur le pont, dans le soleil déclinant sur la baie d'Ushuaia. La première nuit à bord est vivement appréciée, sans quarts et sans roulis !


Jeudi 25 novembre


Ce matin, nous avons pu enfin faire ce dont beaucoup rêvaient depuis longtemps : une grasse matinée ! Après un petit déjeuner grandiose, nous mettons le pied à terre en Argentine. En effet, il est l’heure d’aller passer la frontière, et de faire les formalités administratives (douane, préfecture navale). Pour cela, nous nous rendons tous à la préfecture navale où nous présentons nos tests de dépistage négatifs à la Covid-19 et nos passeports. Vers 12h30, nous sommes officiellement admis sur le sol argentin.

Pour autant, nous sommes encore un peu sur le bateau. Le ménage doit être terminé, bien que nous l’ayons bien commencé la veille. Le capitaine s’envole pour la France en fin d’après-midi pour voir sa famille et la femme de Dédé arrive à peu près simultanément de France pour l'escale. Pour ce départ et cette arrivée, tout doit être fini à bord ! Nettoyage des fonds de cale de la cuisine, des toilettes, tout est prêt à temps.

Enfin, nous pouvons partir visiter la ville. Les rues sont rectilignes, découpées au cordeau. La ville est relativement nouvelle : elle a émergé au XXème siècle et servait autrefois de bagne. Après une fin d’après-midi passée à déambuler, nous célébrons notre débarquement officiel dans un petit restaurant du centre-ville. Nous y dégustons des spécialités locales : crabe rouge, truite… A la suite de ça, nous allons découvrir la vie nocturne dans un des pubs de la ville.


Vendredi 26 novembre


Les machines de linge s'enchaînent à bord de La Louise pour nettoyer nos vêtements, draps et serviettes qui commençaient vraiment à en avoir besoin ! Le lave-linge ne peut en effet pas tourner lorsque le bateau est en mer à cause du mouvement. Des fils à linge improvisés sont tirés à travers le carré et dans les cabines pour faire sécher nos affaires.

Un imprévu fâcheux vient cependant contrarier notre tranquillité à quai. Le ponton du Yacht club s'avère moins résistant que prévu pour maintenir les 40 tonnes de La Louise en cas de vent. Dédé, Olivier et Baptiste tentent de mieux répartir la charge le long du ponton en ajoutant plusieurs amarres. On croise les doigts pour que ça suffise.



Pendant l'escale nous allons quitter le bateau pour nous installer dans un appartement de location dans le centre d'Ushuaia. Le soir même, Emilien, le frère jumeau de Baptiste nous y rejoint. Il apporte dans ses valises de nombreuses affaires destinées à l'équipe ! Du matériel scientifique supplémentaire mais aussi quelques douceurs de France comme des calissons et des macarons, et même des cadeaux de Noël en avance !

On profite de notre première soirée dans notre appartement pour regarder le match France-All Blacks en replay et la victoire historique du XV de France survenue le week-end précédent. Margot et Olivier, en connaisseurs, se chargent d'expliquer les règles au reste de l'équipe ! Et même devant un écran d'ordinateur, l'ambiance est au rendez-vous.


Samedi 27 novembre


Nous nous familiarisons progressivement avec la ville d'Ushuaia et on en profite pour découvrir les spécialités culinaires de la région. Les empanadas sont de petits chaussons chauds garnis de viande, de fromage ou encore de légumes et vendus quasiment à tous les coins de rue. Le dulce de leche est également fort apprécié ; il s'agit d'une forme de confiture de lait que l'on peut déguster sur du pain mais également dans de nombreuses pâtisseries. Enfin la Patagonie est renommée pour la qualité de sa viande, qui se déguste grillée sur un barbecue traditionnel. La région compte en outre de nombreux poissons et crustacés tels que le crabe, cuisiné à toutes les sauces !

Le temps splendide décide l'équipe à partir en randonnée le long de la baie de Lapataia, dans le parc national de Terre de feu. Les paysages sont absolument magnifiques et alternent entre petites plages, forêts et montagnes enneigées. C'est également l'occasion d'observer de nombreux oiseaux ainsi que des fleurs de notro, qui fleurissent au printemps en Terre de feu. Un vrai bol d'air et l'occasion de se dégourdir les jambes après de longues semaines ! On sent d'ailleurs que nos muscles apprécient moyennement l'effort, tout le monde rentre avec de sacrées courbatures...



Une mauvaise nouvelle du côté du bateau : le vent s'est levé et l'amarrage de La Louise met en péril la sécurité du ponton. Le bateau est obligé de partir au mouillage en attendant de trouver une place sur un autre quai. Voilà qui va sérieusement limiter les allers-retours au bateau, qui devront se faire uniquement avec l'annexe.


Dimanche 28 novembre


Aujourd’hui nous nous accordons une journée assez tranquille, qui nous permettra de nous remettre activement au travail dès lundi ! En effet, le planning qui nous attend est assez chargé : rencontres en visio avec les élèves des classes qui nous suivent, vérification et ajustement du matériel pour la partie Antarctique, mais aussi ménage et rangement à bord du bateau.

Mais avant de commencer tout cela, nous avons eu le plaisir de retrouver en visio nos amis de l’équipe mer qui portent le projet depuis la France !

Niels, Olivier, Baptiste et Emilien en ont aussi profité pour se rendre au « Museo Maritimo y de l Presidio de Ushuaia », musée emblématique de la ville qui est aménagé dans les bâtiments de l’ancienne prison qui a fermé en 1947, vestige du temps où la Terre de Feu était utilisée comme un bagne. Plusieurs bâtiments abritent des expositions sur le passé carcéral du lieu, mais aussi sur l’histoire de l’exploration de la Terre de Feu, la faune et la flore de la région, la présence Argentine en Antarctique, l’art lié au monde marin etc.

Le soir, nous préparons des tortillas pour finir en beauté toute la semaine !



 

[Devinette de la semaine]


Lana vous a déniché un podcast de Radio Nacional: de quoi parle-t-il ?



Réponse à la devinette de la semaine précédente:

La photo mystère est un baromètre qui permet de suivre les phénomènes météorologiques tels que les dépressions.


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